Temps de lecture : 5 mn
(Sauf si vous lisez tout. Là ça monte à 10 mn. En même temps vous venez déjà de perdre une bonne demi-minute en vous posant la question, non ? Bon on y va ?!!)
A ma gauche :
On l’appelle « le complexe décomplexé », l’« homme-orchestre de la pensée », le « résistant du prêt à penser », il mesure 1m66 pour 60 kg (veuillez excuser Monsieur Morin le dévoilement de ces mensurations non vérifiées… c’est pour la mise en scène de l’article, vous savez ce que c’est de nos jours, le buzz, le raccourci, le clash…), j’ai nommé : Ed-gaRRRRRR MORIN !!!!!
Sa punchline :
« Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille… » (article paru le 6 avril 2020 dans le CNRS Le Journal).
A ma droite :
Tout droit venu des United States of America, on l’appelle le « fumeur de cigare Yankee » ou encore « le cerveau de l’Agence tous risques », il mesure 1,85m pour 80kg (sorry Mister Hannibal to reveal your… anyway please read lines above, I have to keep my readers hot !), on ne le présente plus, l’ancien colonel John Smith plus connu sous le blaze de : « Hanni-balllll !!!!! »
Sa punchline :
« J’adore quand un plan se déroule sans accroc ! »
(Vous l’avez compris, c’est l’ami Hannibal qui prend la main !)
« Tout est sous contrôle » : qu’il est doux à nos oreilles d’entendre cette sentence quand tout s’agite en et autour de nous. A la seconde où cette phrase est lâchée, on se redresse, on respire, le pouls décélère. Qu’on la dise ou qu’on l’entende d’ailleurs.
Pourquoi ? Pourquoi nous voulons à ce point contrôler ? Pourquoi est-ce si confortable d’avoir un « plan qui se déroule sans accroc » ?
Dans la perspective évolutionniste, l’humain (comme tous les organismes vivants d’ailleurs) n’a qu’un seul but : la survie. Nous avons besoin de stabilité, de connu. Dans les situations où les options sont trop nombreuses, tout ce qui n’est pas sous contrôle (l’inconnu) représente donc des menaces potentielles à notre survie.
Nous ressentons de la peur, sommes en alerte plus ou moins constante (en fonction de l’intensité perçue de la menace). Et c’est fatigant quoi ! Il faut absolument trouver une explication, appréhender le réel coûte que coûte.
Dans cette histoire, notre cerveau est complice puisque ces menaces sont autant de questions auxquelles il est programmé à répondre. Face à une question le cerveau se met en alerte, il ne peut faire autrement que de chercher la réponse. Ce processus de recherche de solution crée des connexions avec ce que l’on sait déjà et favorise le stockage de l’information.
Nous ne pouvons laisser une question sans réponse et y apporter une réponse permet de réduire les potentialités (autrement dit, réduire la complexité). J’en veux pour preuve cet animateur radio d’une matinale qui ne peut s’empêcher de répondre à la question de la publicité qui annonce la séquence météo (Publicité d’une mutuelle « Et vous ? Comment ça va ? » ; L’animateur, 1 fois sur 2, reprenant la main pour présenter la journaliste météo « Ca va ! Retrouvons maintenant Marie-Pierre Planchon… etc. » !).
Contrôler, avoir un plan coûte que coûte (quel qu’il soit), avoir une opinion permet de se positionner et là aussi de nous stabiliser. De stabiliser notre identité en renforçant nos croyances. Et de nourrir nos besoins d’estime (ma valeur) et de confiance (ma capacité).
Ces bénéfices intrapersonnels nous font du bien. Tout comme ceux engrangés par l’image sociale de confiance que nous renvoyons. Afficher cette image de confiance (non le doute ne m’habite pas), d’assurance dans l’action.
Dialogue silencieux :
(NDLR – Les personnages de la série Mad Men, notamment quand ils sont en rdv client, illustrent à merveille cet état d’esprit ; ou encore le Président américain lors de la saison 8 d’Homeland.
Oui j’avoue… le confinement est passé par là !)
Cette confiance (c’est-à-dire penser que l’on est capable d’agir de manière adéquate dans les situations nouvelles et/ou importantes) se ressent dans l’action. Justement l’action…
Analyse ok. Décision ok. Action GO !
LE plan est décidé. C’est LE bon. Il est temps de passer à l’action. C’est d’ailleurs tout ce qui compte. L’action est vertueuse !
D’une part car l’action soulage le stress. D’autre part car passer à l’action c’est devenir acteur, reprendre une marge de manœuvre dans sa vie, rendre tangible sa volonté. C’est l’opportunité de se réaliser.
Et puis l’action c’est facile : il suffit de suivre le plan. Et de mesurer régulièrement les écarts par rapports à ce dernier.
Même le temps (qui, on ne va pas se le cacher est quand même un incroyable amplificateur de complexité : quand les Humains installeront-ils l’option « lecture du futur » ?), est maitrisé grâce au contrôle que nous confère le plan. Oui. Parfaitement. Puisque seuls les éléments décidés dans le passé au moment où le plan a été défini, sont à observer dans le présent et le futur.
Avouez que ça facilite quand même grandement la tâche ! Finalement, avoir un plan c’est l’opportunité de réduire le réel à une sorte de tuyau spatio-temporel qui limite les sources de nuisance. Il est quand même beaucoup plus confortable de prendre l’autoroute que d’imaginer au fur et à mesure un itinéraire !
Quand un plan est bon, finalement c’est comme si le temps s’arrêtait, ou presque.
Ce paragraphe pourrait se résumer en 1 mot clé : l’unité.
Un plan qui se déroule sans accroc c’est 1 chef qui établit ledit plan (il/elle a d’ailleurs une expertise pour ça) et les autres qui exécutent, chacun dans 1 territoire d’expertise. Autrement dit : « Je pense donc tu suis ».
Les exécutants sont forcément motivés et engagés puisque c’est rationnellement LE meilleur plan. La confiance est là. Si les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous, la défaillance vient de l’application du plan.
Oui, là parfois, ça pêche. Mais en recadrant et en intensifiant les efforts, tout rentre généralement dans l’ordre. Et sinon le chef fait à la place des défaillants. Oui, il/elle a aussi cette expertise.
C’est qui le patron ?!!
La cohésion du groupe fonctionne plutôt bien, merci pour elle. Il y a parfois même des blagues lors de la réunion de suivi des résultats prévisionnels de chacun. Mais là n’est pas l’essentiel puisque chacun sait ce qu’il a à faire dans son domaine. Ce qui fortifie une collection d’individus, c’est réussir. Et comme le plan va se dérouler sans accroc, on va réussir.
En termes de communication, le message est simple. Parfois même l’explication du plan n’est pas nécessaire, puisque ce qui importe c’est que les choses soient bien claires dans leur domaine d’expertise.
Résumé : 1 chef, 1 équipe derrière, pas 1 tête qui dépasse. L’unité.
Hannibal ne laisse à personne le soin de faire sa conclusion :
« Comme je viens de vous le démontrer sans accroc (sourire et clin d’œil caméra), ma méthode est la bonne ! Dans les 3 temps des situations d’incertitude (analyse, décision, action) les bénéfices sont là. Ce n’est pas compliqué de faire simple ! C’est ce que les théories de la complexité, dont tout le monde se gargarise en ce moment… ont peut-être oublié (mic drop à la Obama, départ en moonwalk). »
Oh, cette déculottée !
Edgar Morin est dans les cordes, comme impuissant face à cette attaque éclair. Ca semble terminé. Il n’y a pas eu match. Hannibal, comme aux plus belles heures de la série semble nous dire avec sa confiance XXL, « Allez, roule Barracuda ! ». Les « Remboursez ! Remboursez ! » commencent à descendre des tribunes. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Rideaux. A vous les studios !
A moins que… attendez ! (suite au prochain épisode)
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